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mardi 29 mai 2012

Le parrain de Katmandou, John Burdett


Pitoyable farang, je vois que tu insistes, tu as besoin de récurer tes chakras secondaires, bien. Je te conseille donc de t’asseoir (tes genoux cagneux ne vont pas tarder à trembloter, tu verras) car il faut que tu t’inities au bouddhisme apocalyptique. Prépare d'ores et déjà deux ou trois joints d'avance si tu veux survivre au quatrième opus des épreuves de Sonchaï Jitpleecheep. 

Meurtre rituel, femmes fatales, trafic de dope, mafia diamantophage, trip métaphysique, pharmacopée chinoise, guerre d'influences entre des flics ripoux et des militaires véreux,... et tout cela sur fond de bouddhisme tantrique (et apocalyptique, le népalais est fourbe... surtout la népalaise, d'ailleurs !).
Bien sûr, indigne farang, le supplice de la roue à lames te sera épargné, tu ne connaîtras jamais le mantra ad hoc ; ne soit pas déçu, c'est relativement douloureux et il faut plusieurs vies pour s'en débarrasser.

Putain de bordel de merde, nous avons lu tous les John Budett ! Comment allons-nous faire, maintenant ?


Je vous demande de vous Jitpleecheepiser...

mardi 22 mai 2012

La nuit des voleurs, John Burdett


Le lascar Burdett est un avocat, et ça se voit. Il s'agit de son premier bouquin (1996). Ça pourrait s'appeler « la belle, l'avocat et le truand » et cet animal de Burdett déploie tous les artifices et faux-semblants propres à sa mauvaise nature d'avocat ; c'est tortueux, vicieux et jamais ce qu'on croit. Il nous balade jusqu'au bout, le bougre. J'avoue cependant qu'il est assez déstabilisant de ne croiser aucun asiatique dans un de ses romans. Londres n'est pas Bangkok. Pas la moindre volute d'encens au pied d'un Bouddha obèse, pas de putes thaï droguées, pas de farang obsédés et alcooliques...
Rendez-nous Sonchaï Jipleecheep !

Je vous demande de vous dethaïlandiser...

Limonov, Emmanuel Carrère


C'est bien simple, scotché mézigue par le couple Carrère-Limonov. Ils m'ont fait passé un dimanche de malade ces deux malfaisants : ablutions matutinales bâclées, petit-dèj ignoré, messe & Laclos zappés, repas dominical expédié et la sieste ajournée ; heureusement, il pleuvait.
J'avoue cependant, tout emprunt de la navritude qui s'impose, que je suis passé à côté de Limonov dans les années quatre-vingt, mis à part ce qu'il a griffonné dans l'Idiot International. Mais ça fait un bail, l'époque de l'I²...
Cela dit, le Carrère est un sorcier, il ancre Limonov de façon romanesque dans son temps ; le nôtre donc. Le Limonov, t'as envie de le plaindre, de l'aimer, de le haïr, de l'aduler, de le fusiller, et finalement, peut-être, de le respecter ; c'est un monstre ce mec ! Il est sûrement prodigieux, mais extrêmement inquiétant. Les âmes fortes ainsi trempées, ça dégueule très souvent le pire. La liste des monstres de l'histoire - on a chacun la sienne, nous les ventres mous, les branleurs occidentaux - est certainement très consensuelle ; comparez la votre à celle des autres autour de vous, et vous verrez que le Limonov pourrait y figurer, le Poutine y est bien ! Sans compter que le Limonov est toujours vivant, la partie n'est peut-être pas terminée, va savoir...
 A lire ab-so-lu-ment !
 Je vous demande de vous débolcheviser...

vendredi 18 mai 2012

Honneur aux braves, Alexander Kent


1802, la paix d'Amiens. Richard Bolitho va passer cette singulière période de paix armée entre la France, l'Espagne, la Hollande et l'Angleterre à bord de la « Vieille-Katie », surnom de l' H.M.S. Achate, soixante-quatre canons. En outre, c'est la première fois qu'il frappe sa marque d'amiral en tête de misaine. Direction, San Felipe, petite île située entre Cuba et Saint-Domingue. Embruns salés, canonnades furieuses, trahisons multiples, situations désespérées, honneur, bravitude et victoire sur le fil... Le quinzième roman d'aventures maritimes dédié à Bolithot est une merveille du genre et hisse la série d'Alexander Kent dans la prestigieuse cours d'un Patrick O Brian.

Tiens, faisons silence et dégustons ce court appareillage :
...
  • L'ancre à pic, commandant !
  • Larguez les huniers !
  • Du monde aux bras !
  • Haute et claire, commandant !
Ce n'était pas un appareillage en fanfare, comme lorsque le vaisseau gîte sous une pyramide de toile. Avec toute la dignité propre à son grand âge, l'Achate partit doucement sous le vent. Le soleil miroitait sur la figure de proue, le guerrier en cuirasse, ainsi que sur les sabords fermés et la muraille fraîchement repeinte.
  • Envoyez le perroquet, monsieur Scott ! Mais votre division ressemble à un ramassis de vieilles femmes, aujourd'hui !
Les voiles se gonflèrent, commencèrent à vibrer sur leurs vergues et, avec à peine une ride sous l'arc-boutant de martingale, l'Achate glissa lentement vers la passe.


Je vous demande de vous noyer...

mardi 15 mai 2012

La cloche du Lépreux, Peter Tremayne


Polar historique, donc. L'Irlande en 667. Sœur Fidelma de Kildare et Frère Eadulf ont égaré leur fils Alchu. Voilà pour le prétexte de ce quatorzième opus de Peter Tremayne.
Ça se survole sereinement, presque nonchalamment. Dommage. Y a tous les ingrédients du genre pourtant ; un rapt d'enfant, des nains saltimbanques, un lépreux insaisissable, une vengeance sophistiquée...
Mais moins de gnaque cependant dans cette série que dans les « Hugh Corbett » de Paul C. Doherty ou « Frère Cadfael » d'Ellis Peters. 
Ah, Frère Cadfael, que c'était bien...

Je vous demande de vous déchristianiser.

samedi 12 mai 2012

Norge, Poésies 1923-1988


Ce qu'il y a de bien avec la polésie, c'est que d'en consommer ne serait-ce que cinq minutes, à droite à gauche, à la régalade, peut illuminer toute une journée. Un livre de polésie c'est comme une boite de chocolat ; faut l'ouvrir et l'oublier dans un coin, puis ensuite, au hasard des petites tribulations domestiques qui nous gouvernent, d'en dérober un (polème ou chocolat), comme ça, en passant devant. L'exercice est divin ; on laisse fondre quelques minutes sous la langue, les yeux légèrement révulsés, avec sur la figure l'air bête et content de soi du type qui vient de se débarrasser d'une paire de pompes trop petites d'au moins une pointure. C'est comme un soulagement, presque une félicité... Puis on retourne vaquer, tribuler ou merdouiller selon sa nature. Gros avantage cependant du livre de polésie sur la boîte de chocolat, c'est que quand ils sont finis, tu jettes l'une (à moins de boxoferrophilie aiguë) mais tu gardes l'autre ; l'est toujours plein le livre, toujours disponible... Elle est pas belle, la vie ?
Tiens, chuis pas vache, je vous offre un petit chocolat de Norge :

Les autres
Nous sommes, vous et moi, des personnes qui n'ont jamais tort. Quelle vertu ! Et la peine qu'il faut se donner ! Oh la la ! Mais le plus dur, c'est encore de faire comprendre ça aux autres.

Un autre ? Ok, celui-là :

Les pensées interdites
  • A droite, les pensées permises. A gauche, les interdites !
  • Mais j'ai deux yeux, grand-mère.
  • Eh bien, crève-toi l’œil gauche, mon enfant.
  • Et si l’œil droit regarde à gauche ?
  • Crève-toi l'oeil droit, mon enfant.
  • Alors, plus de pensée du tout, grand-mère ?
  • C'est le mieux, mon enfant, c'est le mieux.

Bon, stop, c'est MA boîte, achetez vos Norge vous même


Je vous demande de vous desprogiser...

vendredi 11 mai 2012

Le studio de l'inutilité, Simon Leys


Encore un ovni dans le landerneau des livres qui me passent dans les griffes. L’omnivore matutinal Philippe Meyer l’a vivement recommandé l’autre dimanche matin sur FC, après la messe, avec les tremolos idoines ; l’était ému le mammifère Meyer (que le ciel le tienne en joie).
Quand t'as fini ça, t'as l'impression de partager le même mouchoir qu'Orwell, que Chesterton est venu bouffer hier soir ou que tu viens de trouver les carnets de Barthes dans le tiroir à chaussettes.
Avant de lire « Le studio de l'inutilité », j'étais con, maintenant, après l'avoir lu ( et relu, ça peu se grappiller ad infinitum), chuis toujours aussi con, rassurez-vous, mais je vais être vachement plus impécunieux ; une grosse amazonade en cours et une liste longue comac pour mon bouquiniste humain favori.
Ouais, ce Simon Leys, là, c'est extra ! Ça vaut largement le « Programming Perl (3rd Edition) », quoi qu'en pensent les pêcheurs à la ligne...
Ouais, ce studio, là, il est tout sauf inutile.

Disponible sur mon bureau (gaffe, y a déjà une liste d'attente).

(Maoïstes convaincus et inconditionnels de Barthes s'abstenir, ça va vous faire du mal.)

Je vous demande de vous inutiliser...

mercredi 9 mai 2012

Juste une ombre, Karine Giebel


Bon, cessez de me refiler vos bouquins, au détour d'un couloir, comme des conspirateurs.
  • Tiens, lis ça. Tu vas voir !
Mais putain, j'ai le diabète des livres, merde ! Si vous me tentez, comm'ça, sans arrêt, je vais mourir. Pis, j'ai une vie, une famille, un pavillon de banlieue, du repassage et un Lévinas en retard et il faut ab-so-lu-ment dégager le bordel du garage... Et toi, là, faux-frère, tu me colles « Juste une ombre » dans les pognes, avec la mine du chat qui vient de bouffer la mésange. J'ai perdu TOUT mon lundi ! MERDE ! Un zombi, de six à dix-huit. J'ai vu les filles partir au boulot et au lycée à la page 63, renversé du café sur la page 77, empégué la 254 avec du gras de jambon et un peu de pinard, à midi, froissé les pages de 376 à 404 (sieste foudroyante derrière un rhum-café), les filles sont revenus à la maison vers la page 479 et j'ai fini pile pour l'apéro de 18h ; page 501.
Un lundi, en plusse ; voyez où passent les forces vives d'une nation !
Anarchisses !


Je vous demande de m'oublier...

Purge, Sofi Oksanen


Quand la barbarie devient l’Histoire.
Destins croisés de deux sœurs depuis les années 30 jusqu’au début des années 9O dans une Estonie d’abord  fasciste, puis Stalinienne avant de finir dévorée par les mafias postcommunistes. Un texte glaçant, qui bouscule ; une illustration de l’iniquité des mâles sur les femmes, des forts sur les faibles, de la crapule sur l’honnête.
Le style est clair, structuré en aller-retour d’une époque à l’autre, les mots d’autant plus  pudiques que la violence est toujours sous-jacente (les pages sur les interrogatoires dans les sous-sols de la mairie m’ont anéanti ; j’ai trop d’imagination).
C’est un livre terrifiant mais nécessaire.

Je vous demande de vous destaliniser

mardi 8 mai 2012

Le festival de la couille, Chuck Palahniuk


Une rafale de textes piochés dans la réalité interstitielle des zaméricains, Chuck Palahniuk gratte jusque dans les rayures du plancher pour en extraire de singuliers éclats de vies. Passé le déjanté ou simplement le pittoresque des situations, il reste des personnages étrangement humains, en léger décalage, subissant une sorte d'effet Doppler dans l'interprétation du réel occidental. La marge s'élastifie ; la secte des lutteurs de gréco-romaine s'abîme dans le rêve du choux-fleur (C'est de là que vient la viande), les turpitudes sexuelles que vous infligea votre salop de beau-père durant votre préadolescence peuvent devenir le scénar du prochain blockbuster d'Hollywood, Julia Roberts dans le rôle principal (Vous êtes ici), etc.
C'est cocasse, intense et humain.

(Merci à ma sipralweb favorite pour cette pépite. L'est fort mon vieux gars, l'en connaît un rayon. )

Je vous demande de vous desarkozyfier...

dimanche 6 mai 2012

Le cycle de Tschaï, Jack Vance

Un souffle de jeunesse... Et ça n'a pas pris une ride.

Le cycle de Tschaï, c'est la ixième version de L’Odyssée, et il y en a eu des versions, plus ou moins inspirées, plus ou moins réussies ; je gage que celle-ci n'est pas la moindre.

Les tribulations d'Adam Reith c'est le voyage d'Ulysse, et , à l'instar des motivations de son formidable archétype, le moteur qui l'anime, son principe, c'est la Métis des Grecs, c'est la palette d'efforts qu'un Homme se doit d'exercer sur son environnement pour atteindre le statut de héros ; en l’occurrence en se dépassant par une démesure empreinte de circonspection, et la circonspection c'est le début de la ruse, c''est donc bien en Ulysse qu'il faut habiller Adam Reith car, finalement, c'est lui, « l'homme aux mille ruses », l'incarnation de la méditerranée mythique d'Homère. Les Chasch (bleus, verts, ou vieux et gris), les Wankh, les Dirdir, les Pnume et leurs esclaves sous-humains ne sont que l'émanation du courroux de Poséidon ; des circonstances.

Veux-tu que je te dise, mon improbable ami, Jack Vance c'est le Fernand Braudel de Tschaï ; encore la méditerranée.

Et tout cela sous l’œil glauque et rigoureux de Carina 4269. Putain, que c'est bien !

Je vous demande de dégrandiloquer...
Masse Effect - Tome 1 : Révélation
Dew Karpyshyn

Bon, je ne veux pas être méchant, mais faut bien avouer, c'est très gentil. Et Dieu sait (le sait-il, au fait?) que je suis bon public dès qu'il s'agit de SF, chuis resté très jeune. Là, cependant...

C'est bien fait, pourtant, on sent que DK applique toutes les recettes:
Personnages heinleinniens - le militaire est rigoureux, dynamique et bien rasé, la jeune fille prude, mais pas trop, les méchants sont bien laids, fourbes et impitoyables, les extraterrestes sont très extraterrestes, ouais, y sont jaloux de nous, les humains, y veulent pas qu'on fasse partie du Binz Galactique, y font que de nous embêter, quoi.
Le scénar tape dans tous les domaines du vol déjà exploités par de glorieux anciens; Asimov, Heinlein, il y a même une ancienne civilisation galactique qui a parsemé l'univers d'artefacts (on se souvient tous des Heechees de Frédrik Pohl, "la grande porte", etc.) permettant de se balader dans la galaxie aussi facilement que quand tu passes du bar à bière à l'urinoir.

Ok, j'arrête la facilité, car tout ne peu pas ressembler à du Dan Simmons ou de l'Alastair Reynolds. Tout le monde à le droit de bouffer.
Bien que de moindre calibre, ça pourrai se ranger dans la même valise que "Les Aux' " de D. Gunn ou de R. Morgan (Quantum, etc.), mais j’insiste, un cran en dessous.
Drès bon bour des gollégiens, drès bon, doi brendre, doi brendre...

mercredi 2 mai 2012

Mass Effect, T2, Ascension
Drew Karpyshyn


Ok, "je m'est enduit d'erreur", je n'aurais pas dû insister. Dans mon enthousiasme juvénile j'avais commandé les deux premiers tomes de ME sur le kindle, en cas de manquer, rendez-vous compte, une série de SF que je ne connaissais pas; j'ai succombé ; lé goût de lucre, lé z'assurances zoziales, l'esprit de droite, quoi! Ben, j'ai été bien puni, mon cadet. Non, j'abandonne avant la fin... c'est rare, mais inéluctable.
Sachez cependant que j'aime D. Karpyshyn, je le choie, je le vente de ci  de là; tiens, si j'avais un petit frère (mais vraiment petit, hein?), ou une "chère tête blonde" à charge (de quatorze, quinze ans, par exemple), ben je l'obligerais à lire ME, si! Je lui achèterais le jeux, je... je... Nous vivons des temps formidables mes amis. Hé, Adam Reith c'était aut' chose, non? Moins de milliers de morts, soit, mais plus de rêve, non?
(Ça fait vieux con tout ça)
Je vous demande de vous arrêter...